Journée d'étude

Rencontres annuelles « Droit et art »


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Les rencontres annuelles « Droit et art », organisées par le groupe d'étude et de recherche Droit et Art (gerDA) de la Faculté de droit, de science politique et de criminologie de l'Université de Liège, se sont déroulées ce jeudi 9 mai 2019. Les étudiants inscrits aux séminaires « Théorie du droit : questions spéciales » et « Droit et art » ont successivement présenté leurs travaux, chaque partie de la journée étant clôturée par un exposé magistral. La journée s'est conclue par la présentation de l'ouvrage Frontière(s) au cinéma (Paris, Mare et Martin, 2019), co-dirigé par Estelle Espinoux, Vincent Lefebve et Magalie Flores-Lonjou.

Droit et cinéma : les ruptures des systèmes politico-juridiques

La matinée était consacrée aux exposés des étudiants inscrits au séminaire de « Théorie du droit : questions spéciales », portant cette année sur la thématique « Droit et cinéma ». Chaque étudiant avait pour mission d'analyser un cas de rupture brutale d'un système politico-juridique en confrontant une œuvre cinématographique de son choix à un ouvrage ou une partie d'ouvrage relevant de la théorie générale du droit.

En commençant par l'Antiquité, M. Cyrille Melon, qui avait choisi d'analyser une œuvre télévisuelle et non cinématographique, en l'occurrence le documentaire Dionysos, l'étranger dans la ville (François Busnel), a ouvert le feu avec la notion de transgression et son rôle dans l'évolution du droit.

Passant ensuite à la Révolution française, Mme Ilenia Vandorpe a illustré la théorie de Lucien François sur les révolutions par le récent film de Pierre Schoeller, Un peuple et son roi. Mme Elisa Schils s'est quant à elle interrogée sur le concept de « dictature souveraine » de Carl Schmitt à la lumière du film Danton d'Andrzej Wajda.

Mme Chloé Anzalone nous a ensuite ramenés au début du XXe siècle, dans une Irlande divisée, pour nous proposer d'illustrer la notion de politique chez Carl Schmitt, concrétisée par l'opposition « ami / ennemi », à travers le film du réalisateur britannique Ken Loach, Le vent se lève.

Nous transportant dans le régime de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale, M. Richard Masquelier s'est alors penché sur la question de la justice d'exception dans Section spéciale de Costa-Gavras, en comparant la juridiction d'exception pétainiste présentée dans le film et la Cour de sûreté de l'État de facture gaulliste.

Enfin, les années de plomb en Italie ont conclu ce périple. M. Basile Lantair a étudié plus généralement le contexte politico-juridique de cette époque, en particulier les dispositifs d'exception mis en place pour lutter contre la subversion, grâce à Cadavres exquis de Francesco Rosi.

La matinée fut clôturée par un exposé magistral de la professeure Magalie Flores-Lonjou, de l'Université de La Rochelle, sur la représentation cinématographique de la place des femmes dans l'exercice du pouvoir politique.

Droit de l'art

Alors que la matinée fut principalement consacrée à la question de la représentation du droit dans l'art, l'après-midi fut dédiée aux présentations des étudiants inscrits au séminaire « Droit et art » ; or ces travaux portaient sur des problématiques juridiques inextricablement liées aux phénomènes artistiques et relevaient donc davantage du droit de l'art.

M. Olivier Monjoie et Mme Gara San Juan Kasperek se sont penchés de manière synchronisée sur l'épineuse question du statut d'artiste. Alors que M. Monjoie a souligné les difficultés pratiques rencontrées par les artistes belges, l'inadéquation de certaines règles à leur pratique et l'abus dont elles peuvent faire l'objet, Mme San Juan Kasperek a élargi le panorama en exposant la position européenne sur la question pour ensuite comparer les systèmes français et espagnol. Dans un second temps, M. Christophe Piacenza a abordé la problématique de la restitution des œuvres d'art spoliées lors du IIIe Reich, se focalisant sur les obstacles juridiques à une telle restitution, en particulier en droits suisse et américain.

M. Quentin Pironnet, assistant à l'ULiège, a poursuivi par un exposé magistral consacré à l'appréhension du droit dans l'univers des super-héros Marvel, en pointant l'importance du « surhomme » face à un État sans cesse diminué.

MM. François Desseilles et Antoine Vandenbulke ont clôturé l'après-midi par une brève présentation du site internet du gerDA (https://gerda.hypotheses.org) et de ses fonctionnalités.

Entretien autour de l'ouvrage Frontière(s) au cinéma

La journée a pris fin à l'espace ULiège/Opéra, pour une présentation de l'ouvrage tout récemment paru dont la professeure Flores-Lonjou a assuré la co-direction : Frontière(s) au Cinéma. Cette présentation était organisée en collaboration avec la Maison des Sciences de l'Homme. A cette occasion, MM. Nicolas Thirion et Quentin Pironnet ont interrogé Mme Flores-Lonjou, qui a ainsi pu expliquer, entre autres, les motivations qui l'ont amenée à privilégier un tel objet de recherche, les raisons – plus encore d'actualité – qui l'ont conduite à choisir le thème des « frontières » au cinéma et, enfin, les défis que pose, au regard des pratiques éditoriales traditionnelles, la sortie d'un ouvrage consacré à un tel thème de recherche.

En permettant d'aborder des questions relevant aussi bien du droit de l'art que du droit dans l'art, en offrant à de jeunes étudiants la possibilité de présenter publiquement le fruit de leurs recherches et en rapprochant les générations actives au sein de l'Université (étudiants donc, mais aussi jeunes chercheurs et enseignants plus aguerris), l'édition 2019 des Rencontres annuelles « Droit et Art » a ainsi mis en lumière quelques lignes de force qui portent le projet du gerDA : importance de l'interdisciplinarité, enrichissement d'une démarche scientifique collective, confiance dans la jeune génération. Rendez-vous est déjà pris pour l'édition 2020.

Antoine Vandenbulke
Assistant

 

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