Interview

Changer d’air à l’occasion d’un séjour de recherche

Hadrien Macq


Début janvier, Hadrien Macq s’est installé à Paris pour un séjour de recherche de 6 mois au sein du Centre de Sociologie de l’Innovation (CSI), à Mines Paris Tech. Quelques semaines après son retour, il nous parle de cette expérience particulièrement enrichissante et des débouchés concrets qu’elle a suscités.

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Qu’est-ce qui t’a poussé à quitter provisoirement ton bureau à l’ULiège pour Paris ?

J’arrivais à ma dernière année de thèse et j’avais envie de « quitter le nid » pour penser ma recherche, analyser mes données et envisager l’écriture de mon manuscrit de thèse au sein d’un autre centre de recherche, avec d’autres collègues.

J’espérais ainsi enrichir mes réflexions en les confrontant à d’autres perspectives. J’avais déjà effectué un bref séjour de recherche d’un mois à l’Université de Genève et j’étais déjà convaincu des bénéfices de ce genre d’expérience. J’avais donc envie de réitérer l’expérience mais sur une période plus longue, plus propice à une véritable immersion.

Et puis, en toute franchise, il y a aussi une dimension stratégique : pouvoir témoigner d’une expérience de séjour de recherche à l’étranger d’au moins six mois est devenu un critère d’évaluation des dossiers de candidatures pour un financement post-doctoral. Par ailleurs, le milieu académique est un relativement petit monde et il est toujours très utile de tisser des liens forts, au-delà de son environnement direct.

Ce séjour de recherche a-t-il répondu à tes attentes ?

Sans aucun doute ! Sur le plan professionnel, le CSI s’est révélé, dès mon arrivée, un environnement particulièrement propice à l’épanouissement intellectuel. Le centre bénéficie d’une dynamique extrêmement vive, mise en place depuis de nombreuse années par une équipe d’enseignants et de chercheurs internationalement reconnus.

Dès le départ, j’ai pu prendre part à de nombreux séminaires et échanges qui m’ont permis d’avancer dans mes réflexions, de lire énormément de littérature scientifique sur des sujets variés et de prendre part à des discussion hautement enrichissantes.

J’ai réellement mis un point d’honneur à mettre beaucoup d’efforts pour m’intégrer à la vie scientifique du centre, ce que je crois avoir réussi. J’en retire une expérience formatrice sur le fait de s’intégrer à une nouvelle équipe professionnelle, à arriver progressivement à se faire sa place au sein de celle-ci. 

Au-delà des liens professionnels, ces rencontres ont-elles donné naissance à des projets concrets ?

Oui, j’ai eu l’occasion de mettre sur pied des séminaires de discussion thématiques avec d’autres doctorants du centre, qui ont débouché sur un projet de publication commune dont une première version est en cours de finalisation.

Par ailleurs, j’ai également eu l’occasion d’inviter un autre collègue doctorant à participer à un panel ouvert que je co-organiserai à un congrès à la Nouvelle-Orléans en septembre.

Enfin, j’ai pu faire relire des écrits et présenter mes travaux à une bonne partie des membres du centre, ce qui n’a pas manqué de susciter des discussions autour de thématiques ou de résultats de recherche similaires. Voici quelques exemples de relations qui s’avéreront certainement fructueuses à l’avenir.

Et sur le plan personnel ?

Un séjour de recherche, c’est avant tout une expérience de voyage, similaire à une année d’échange post-humanités ou à un Erasmus. À cet égard, j’avais déjà eu l’occasion par le passé de devoir m’adapter à un environnement étranger (six mois d’Erasmus en Colombie et un mois de séjour doctoral à Genève).

Mon expérience à Paris m’a permis de redécouvrir ce plaisir : j’y ai découvert une ville, dans laquelle j’avais plus l’habitude d’évoluer en tant que touriste, et j’y ai également rencontré des personnes avec lesquelles j’espère bien pouvoir maintenir le contact à l’avenir.

As-tu dû surmonter certaines difficultés ?

Au final, la partie la plus délicate a été de négocier l’équilibre entre ce séjour de recherche et ma vie privée. Par un hasard de calendrier, je suis parti une petite semaine après avoir emménagé dans une maison achetée avec ma compagne. Je ne revenais qu’un week-end par mois à la maison, ce qui n’a pas été évident.

Par ailleurs, le fait de se retrouver seul face à la finalisation de sa thèse, dans un environnement de travail où on a tout à prouver, avec une confiance en soi parfois hésitante n’est pas simple. Mais j’imagine que de nombreux doctorants se retrouveront dans cette description.

Conseillerais-tu cette expérience à d’autres chercheurs ?

Sans aucun doute. J’imagine qu’il n’est pas forcément nécessaire de sensibiliser les post-docs aux bienfaits des séjours à l’étranger, mais que de nombreux doctorants pourraient hésiter à tenter l’expérience. Or, celle-ci se révélera sans aucun doute incroyablement bénéfique à tout parcours doctoral en termes de rencontres, d’insertion dans des réseaux de recherche et d’apprentissages multiples, tant sur le fond des thématiques de recherche, mais aussi sur toute une série de soft skills.

Financer un séjour de recherche

Pour financer son séjour de recherche, Hadrien a fait appel à :

  • la Fédération Wallonie-Bruxelles (via l’ARD)
  • le District 1630 du Rotary

Ces deux financements ont permis de réunir un peu plus de 8000 €, de quoi couvrir une bonne partie des frais sur place.

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