Interview

Un sabbatique au Canada

Frédéric Bouhon



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Début mars 2019, Frédéric Bouhon et sa famille ont posé leurs valises à Halifax, au Canada, pour un séjour de 6 mois. Retour sur une expérience des plus enrichissantes.

Commençons par planter le décor. Quand on évoque le Canada, on pense souvent à Québec ou Montréal, côté francophone, ou à Vancouver ou Toronto, côté anglophone. Ton sabbatique a eu pour cadre une ville moins connue…

En effet, c’est la Dalhousie University, à Halifax qui m’a ouvert ses portes pendant 6 mois. Elle se situe en Nouvelle-Écosse. C’est une province anglophone en bordure d’océan Atlantique, tout à l’est du Canada.

Sur quoi as-tu travaillé sur place ?

J’ai consacré l’essentiel de mon séjour à travailler sur un projet de recherche qui porte sur les droits fondamentaux et le risque. Plus concrètement, je m’intéresse à la manière dont la Cour européenne des droits de l’homme juge les réactions des États face à  des risques qui pourraient porter atteinte à un droit fondamental. Un exemple : si l’on peut démontrer que la police était informée d’une menace sur la vie d’une personne et n’a pas agi adéquatement, on peut considérer que l’État a violé le droit fondamental à la vie.

N’est-ce pas antinomique de se rendre au Canada pour étudier une question relative à une juridiction européenne ?

Non, puisque j’essaie de m’imprégner un maximum d’autres disciplines pour approcher cette notion de risque, par nature complexe et interdisciplinaire. Ce risque peut être de nature économique, sociale, psychologique… 

Lors de ce sabbatique, j’ai pu m’intéresser à la manière dont le droit canadien aborde ces questions. J’ai également eu l’occasion de confronter mes idées et mon projet à un public qui a une autre perception des choses. Et puis, surtout, j’ai pu dégager beaucoup plus de temps pour lire, rencontrer d’autres chercheurs et avancer sur mon projet…

Un tel séjour ne s’improvise pas. Comment as-tu procédé pour pouvoir concrétiser ce sabbatique ?

L’organisation de ce voyage a commencé en 2017, lorsque j’ai reçu une invitation de l’université de Dalhousie, l’une des universités canadiennes que j’avais contactées. J’ai dû m’organiser à plusieurs niveaux pour pouvoir le réaliser.

Au niveau académique, j’ai pu aménager mes horaires, grâce au soutien du Département de droit, pour donner un maximum de cours pendant le premier quadrimestre et disposer de temps pendant le second. Au final, je n’ai suspendu qu’un seul cours à option.

Au niveau financier, j’ai sollicité une bourse du FNRS par l’intermédiaire de l’Administration R&D pour prendre en charge certains frais.

Enfin, au niveau personnel, nous avons fait le choix avec ma compagne de partir en famille. Elle a pu profiter d’un congé parental et nos deux jeunes enfants ont été scolarisés sur place. Ce qui a demandé également une certaine organisation.

L’expérience a-t-elle répondu à tes attentes ?

Oui, largement ! J’ai pu nouer des contacts, présenter mes travaux, disposer de plus de temps que d’habitude pour approfondir un sujet de recherche… J’ai également mis ce temps à profit pour voyager à l’intérieur du Canada et visiter d’autres universités, notamment au Québec et en Alberta.

Au niveau personnel également, cette expérience a été très enrichissante et nous avons apprécié ce que nous a offert Halifax et ses environs. Nous en sommes revenus avec une nouvelle énergie et de nouvelles idées.

Un conseil pour les chercheurs qui voudraient suivre ton exemple ?

N’attendez pas le bon moment car il n’arrive jamais ! Si vous avez envie de vivre cette expérience, donnez-vous un objectif à 2 ou 3 ans et mettez les choses en place pour y parvenir.

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