L’Open Access : principes, mises en garde et conseils pratiques


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Le concept de « science ouverte » était au cœur de l’événement de rentrée Cité. Lors de sa conférence, Paul Thirion, directeur de ULiège Library, en a rappelé les grands principes, a mis en garde les chercheurs sur certaines pratiques douteuses et a présenté les initiatives de l’université en la matière.

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Open Access est un mouvement qui vise à mettre la production scientifique gratuitement à disposition du public via Internet. Né dans les années 90, il est une réponse au quasi-monopole exercé jusqu’alors par les maisons d’édition sur les publications issues de la recherche et de l’enseignement.

Ses défenseurs partent notamment du principe que la science étant financée par des fonds publics, il est normal que l’ensemble des citoyen.ne.s puissent y avoir accès. Par ailleurs, la diffusion de la recherche favorise le progrès scientifique et les collaborations entre les chercheurs et le secteur privé.

Mettre la recherche au service de la société

En tant que directeur d’Uliège Library, Paul Thirion s’investit depuis plusieurs années dans l’Open Access au sein de notre université.

En guise d’introduction à son intervention, il a notamment rappelé quelques faits marquants : les grands éditeurs scientifiques réalisent d’énormes bénéfices chaque année, qui profitent directement à leurs actionnaires. En parallèle, l’augmentation annuelle du prix des périodiques impacte durement le budget des universités, les contraignant à engager moins de chercheurs. « Dans notre université, l’augmentation annuelle de ces coûts représente le salaire de trois chercheurs. C’est donc trois jeunes que nous ne pouvons pas engager à cause de cette pression économique. »

Et d’enchaîner : « La question qu’il faut se poser, c’est pourquoi fait-on de la recherche ? Est-ce pour accomplir une carrière, garnir son CV de publications scientifiques ? Est-ce pour enrichir grassement des actionnaires ? Ou bien, est-ce pour améliorer le fonctionnement de notre monde en proposant un meilleur bien-être à chacun dans la société ? »

Voie verte, voie dorée et pratiques douteuses

Paul Thirion a ensuite rappelé quelques principes de l’Open Access. Notamment les notions de Voie verte et Voie dorée : « La Voie verte consiste à déposer une version des travaux publiés dans une archive ouverte ou un répertoire thématique ou institutionnel. C’est la Voie choisie par notre université avec ORBi. »

La Voie dorée consiste quant à elle à publier dans des revues en accès ouvert, parfois moyennant des frais de publication payés par l’auteur ou son institution (APC). Mais attention, les apparences sont parfois trompeuses : « Certains éditeurs commerciaux jouent la carte de l’Open Access pour exiger des chercheurs un montant important en vue de rendre leur article disponible en Open Access, alors qu’ils vendent leur revue sous abonnement ! Ils rentabilisent donc les articles deux fois : via les APC et via les abonnements. C’est ce que j’appelle l’Unfair Gold et qu’on appelle également le modèle hybride. »

Et les pratiques douteuses ne s’arrêtent pas là : « Les chercheurs reçoivent régulièrement dans leur boîte mail des offres de publication dans des revues scientifiques inconnues au bataillon, dont le titre commence souvent par ‘International Journal of…’ Les prix réclamés sont bien plus alléchants que ceux des revues scientifiques connues et certains doctorants, qui sont obligés de publier, se laissent tenter. Évidemment, une fois l’argent versé, l’article ne paraît la plupart du temps jamais… »

Vers où va-t-on ?

Au niveau international, certains prônent aujourd’hui l’abandon total des souscriptions aux revues scientifiques pour passer à un modèle Open Access en Voie dorée. En d’autres mots, ce serait aux auteurs (ou à leur institution) de s’acquitter des frais de publication des travaux. Les lecteurs auraient accès gratuitement aux contenus.

Ce modèle a cependant ses limites : « Nous avons fait le calcul. Pour notre université, cela reviendrait au minimum deux fois plus cher que les 3,5 millions € que nous payons actuellement en abonnement. Et cela veut dire que nous devrions le cas échéant limiter la production scientifique pour ne pas augmenter ces coûts de publication. » La Voie verte est donc privilégiée par notre université et pas uniquement par elle : « Les autres universités belges, ainsi que plusieurs universités françaises et centres de recherches partagent notre point de vue », explique Paul Thirion.

Au niveau législatif, le décret Open Access de la Fédération Wallonie-Bruxelles du 28 mai 2018 signe en tout cas une avancée majeure pour la Voie verte. Les chercheurs sont désormais tenus de déposer dans une archive institutionnelle, dès acceptation et en accès ouvert immédiat, toutes leurs publications dans des périodiques scientifiques issues de recherches réalisées en tout ou en partie sur des fonds publics issus en totalité ou en partie de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

En juillet 2018, la législation sur le droit d’auteur a évolué à son tour : l’auteur d’un article scientifique d’une recherche financée au moins pour moitié par des fonds publics, même s’il a cédé ses droits à un éditeur, conserve le droit de mettre le manuscrit en Open Access. Ce droit est impératif, quel que soit ce qui est écrit dans le contrat. « Et le plus beau », commente Paul Thrion, « c’est qu’il s’applique également rétroactivement aux publications antérieures à la loi ! ». Raison de plus pour publier vos travaux qui n’y seraient pas encore dans ORBi.

Quels outils pour publier en Open Access à l’ULiège ?

  • Le portail ORBi vous permet de référencer l’ensemble de vos productions scientifiques. Des articles de périodique, des chapitres d’ouvrage, des thèses, mais aussi des rapports de recherche, des présentations réalisées pour un congrès, des documents pédagogiques… Pour rappel, seules les publications référencées dans ORBi sont prises en compte dans toute procédure d’évaluation à l’Université ou au FNRS. Publier dans ORBi permet également de booster la visibilité de vos travaux grâce au référencement sur les moteurs de recherche et d’augmenter les chances de citation de vos travaux.
  • Le portail PoPuPS permet aux chercheurs de publier en Fair Gold dans des revues de qualité

Pour aller plus loin

Découvrez la brochure "10 questions sur l'Open Science".

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