Doctorat

Défense de thèse de Liridon Lika

Sciences politiques et sociales


Infos

Dates
Mardi 26 mai 2020
Lieu
retransmission en direct via Youtube
Durée
2h
Horaires
10h00 à 12h00

La défense de thèse de Monsieur Lika sera retransmise en direct sur la chaine YouTube de l'Unité de Recherche Cité. 

Nous vous invitons à vous connecter dès 10h00 en utilisant le lien suivant : 
https://www.youtube.com/channel/UCi8_IOUMYE9IJg7KxwSP43g/live

 

À l’heure actuelle, la région des Balkans occidentaux se compose de six États : l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo, la Macédoine du Nord, le Monténégro et la Serbie. Initialement, la Croatie faisait également partie de la région, jusqu’à son adhésion à l’Union européenne (UE) en 2013. Le néologisme « Balkans occidentaux » constitue donc un concept politique, géopolitique et technique, créé par l’UE en décembre 1998. Dès la fin des guerres des années 1990 dans les Balkans occidentaux, l’UE s’est engagée à promouvoir son élargissement en direction de la région. Cette perspective s’est dessinée dans la foulée des sommets européens de Zagreb et de Feira (2000) et surtout de Thessalonique (2003) qui réaffirma l’attachement de l’UE à ces pays. De manière générale, depuis plus de vingt ans, les pays des Balkans occidentaux aspirent à rejoindre une UE perçue comme une entreprise réussie, synonyme de succès, paix, stabilité politique, croissance économique et libre circulation des personnes et des biens.

Dans le cadre de sa politique d’élargissement vers les Balkans occidentaux, l’UE impose aux futurs adhérents certaines conditionnalités, parmi lesquelles celles de se conformer aux valeurs et aux normes européennes. L’UE applique donc une stratégie de « porte ouverte » mais conditionnée. Toutefois, le processus d’élargissement a tourné au ralenti pour des raisons à la fois internes et externes aux États des Balkans occidentaux et à l’UE elle-même. La crise financière et économique qu’a traversée l’UE entre 2008 et 2014 a affecté les économies des Balkans occidentaux, particulièrement dans les domaines des investissements directs étrangers (IDE), des financements privés et des transferts de fonds de la diaspora. L’ensemble des problèmes économiques et politiques bilatéraux des États des Balkans occidentaux, conjugué aux déboires politiques et économiques de l’UE et à la « fatigue de l’élargissement » ont conduit à la génération d’un vide relatif de puissance dans la région.

Dans le sillage de la disparition du monde bipolaire, de nouveaux acteurs qualifiés de « puissances émergentes » se sont imposés à travers le monde et représentent désormais un défi pour les puissances traditionnelles ainsi que pour l’édification et le déploiement international de l’UE. Jusqu’à la crise de 2008, l’UE a maintenu son leadership et a gardé à l’écart dans les Balkans occidentaux les puissances émergentes telles que la Russie, la Chine et la Turquie. Cette prévalence s’est toutefois affaiblie avec le ralentissement du processus d’élargissement et, dans l’entremise, les acteurs précités ou d’autres pays encore (l’Arabie Saoudite et certains États du Golfe) n’ont eu de cesse d’accroître leur présence dans la région. La projection de leur influence se traduit à des degrés variables et dans des domaines aussi variés que le politique, l’économique, le commercial, le militaire, le culturel ou le confessionnel. Les Balkans occidentaux constituent aujourd’hui un terrain de compétition majeur entre les grandes puissances qui aspirent à jouer un rôle central dans une région en train de glisser vers la multipolarité.

Dès lors, à l’instar de la Russie et de la Chine, la Turquie, bien que candidate à l’adhésion au projet européen, entend concurrencer l’UE dans les Balkans occidentaux afin de se projeter comme une puissance émergente régionale et de maximiser ses propres intérêts. En outre, à l’image du passé, la Turquie contemporaine déclare ouvertement sa stratégie d’influence sur les Balkans occidentaux à travers des politiques néo-ottomanes. Elle a tiré profit du contexte géopolitique en accroissant sa présence régionale et en étendant son influence aux domaines politiques, économiques, financiers, médiatiques, éducatifs, culturels et religieux.

Toutefois, outre le message des pères fondateurs de l’UE, en raison du contexte régional difficile et de la pénétration des émergents, en particulier la Russie, la Chine et la Turquie, certains membres européens pressent les institutions européennes d’accélérer le mécanisme d’adhésion européen afin de contrer les concurrences russe, chinoise et turque. Ainsi, face aux évolutions de ce contexte international, l’UE et certains de ses États membres ont fait part d’une nouvelle prise de conscience en lançant plusieurs initiatives favorisant l’élargissement ; parmi celles-ci : le Processus de Berlin (2014), la nouvelle stratégie d’élargissement de la Commission européenne (2018) ou encore le sommet UE-Balkans occidentaux de Sofia (2018).

Ainsi, cette thèse de doctorat vise à examiner les nouveaux rapports de force internationaux dans le contexte de décentrage du pouvoir mondial. L’essor des puissances émergentes bouscule de plus en plus les équilibres de puissance dans le monde y compris dans les Balkans occidentaux. Bien que cette thèse se focalise sur l’ensemble des Balkans occidentaux, elle accorde une attention particulière à la partie habitée par les Albanais, plus spécifiquement aux trois États suivants : l’Albanie, le Kosovo et la Macédoine du Nord. Cette recherche doctorale apporte une réponse à la question de recherche suivante : la stratégie d’élargissement de l’UE dans les Balkans occidentaux se voit-elle concurrencer (défier) par le déploiement des puissances émergentes, plus particulièrement de la Turquie dans la région ?

 

Le jury sera composé comme suit :

  • Sebastian SANTANDER (Université de Liège), promoteur
  • Bashkim ISENI (Université de Fribourg), membre du comité de thèse
  • Kamal BAYRAMZADEH (Université Paris XIII et Université de Liège), membre du comité de thèse
  • Pierre CHABAL (Université du Havre), membre du jury
  • Sophie VANHOONACKER (Université de Maastricht), membre du jury
  • Pierre VERJANS (Université de Liège), président du jury

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