Parcours de politologue #1 Antoine Bauwens

« Parcours de politologue » part à la découverte de politologue de l’ULiège. Pour ce premier épisode, Antoine Bauwens, membre de l’Institut de la décision publique depuis janvier 2021 nous livre son regard sur son parcours. Entre le football et les grades légaux communaux, suivons le parcours d’un politologue amateur de rap français et de ski.

Antoine, pourquoi as-tu décidé d'étudier la science politique ?

Antoine Bauwens : Je pense que, comme beaucoup de gens qui ont étudié la science politique, c'est un peu par élimination à la base : les maths n’étaient pas trop mon fort, j'aimais bien les sciences économiques et j'adorais l'actualité quand j'étais en cinquième. C’est donc assez naturellement que je me suis dit « pourquoi pas la science politique ? », pour essayer de comprendre toutes ces informations dans la presse et pour comprendre ce qui se passe dans la vie publique. Pourquoi à Liège ? Parce que j'avais eu des échos sur les bonnes bases juridiques et que c'était assez important pour moi. J'ai grandi à Huy, mais je suis Liégeois de base et donc attaché à Liège et sa région.

Durant tes études à Liège, qu’as-tu le plus apprécié ?

Antoine Bauwens : Il y a deux choses. Il y a d’une part l'aspect académique et, d’autre part, les activités estudiantines et l’ambiance universitaire. C'est toute la vie, on va dire « à côté », tout le package qui m'a plu. En effet, je ne vais pas le cacher, j'ai parfois eu un peu de mal avec le programme à certains moments dans mon parcours et je n’étais pas toujours en phase avec les cours donnés. Au final, je trouve que l’ambiance liégeoise est assez chaleureuse malgré les aspects froids du B31. Ce qui m'a également plu, c'est la proximité avec certains professeurs de science politique. Je trouve qu'ils sont très accessibles et c'est quand même un bel avantage car on peut avoir des discussions avec eux.

Comment es-tu arrivé à l’Université ?

Antoine Bauwens : C’est un peu le « hasard » car j’avais Geoffrey Grandjean comme promoteur. J’ai trainé sur mon mémoire, j’ai un peu décroché en raison de la Covid. Geoffrey a réussi à me motiver comme il sait le faire. J’ai donc terminé grâce à nos rendez-vous, grâce à lui. Et puis il m’a proposé une place. J’ai saisi l’opportunité en pleine période de confinement. J’ai pris mes habitudes et je m’entends vraiment bien avec les membres du service. Ce premier métier est enrichissant, il constitue une belle ligne sur le CV et puis j’apprends des choses. On a beaucoup d’autonomie mais s'il y a une question, on a des réponses directes. On n'est pas laissé comme ça sans réponse, on a vraiment un contact étroit.

Quel est ton livre préféré ?

Antoine Bauwens : Il y a un livre qui m'a marqué pendant mes études. C’est un livre de Geoffrey Grandjean, comme par hasard [rires]. C’est Pouvoir politique et audace des juges. C'est un livre qui a changé ma vision des choses sur les juristes et surtout les juges. Au final, ces derniers ont un certain pouvoir politique et sont amenés à trancher des litiges que la loi n'a pas prévus. J’ai vraiment constaté leur impact et l'importance qu'ils avaient et c'est une vision que je n’avais pas du tout avant. Ce livre m'a un peu chamboulé tout en m’ouvrant les yeux. J’ai également fortement apprécié l’ouvrage de Gramsci pour le Seminar : Classics in political science, avec son concept d’hégémonie. Cela m'a marqué parce que je suis quelqu'un qui a une fibre sociale assez importante et parler d'hégémonie culturelle m'a bien plu.

L'apport de la science politique à la société

« La science politique peut apporter une réflexion apaisée sur la base de concepts. Elle apporte une ouverture d'esprit. Je pense que c'est assez important dans la société actuelle d'avoir une ouverture d'esprit et d’avoir des grilles de lecture pour analyser des faits qui sont hyper complexes. »

Antoine Bauwens
 Qu’est-ce que la science politique peut apporter à la société ?

 Antoine Bauwens : Heu…

 C’est une colle…

Antoine Bauwens : C'est amusant de ne pas savoir répondre du tac au tac après cinq années d'études en science politique. Je dirais que la science politique peut apporter une réflexion apaisée sur la base de concepts. Elle apporte une ouverture d'esprit. Je pense que c'est assez important dans la société actuelle d'avoir une ouverture d'esprit et d’avoir des grilles de lecture pour analyser des faits qui sont hyper complexes. Je pense que ça apporte une lecture éclairée avec une fameuse ouverture d'esprit. Il y a des clichés sur la science politique, certains affirmant qu’elle ne sert à rien. Au final, j'ai remarqué, entre mon arrivé en premier bachelier et la fin de mes études, que je n’ai plus du tout le même avis. Mon esprit s’est ouvert et j'arrive à comprendre des choses que je n'arrivais pas à comprendre avant. C’est peut-être propre à la science politique et à une formation universitaire, tout simplement. Je ne sais donc pas exactement dire ce qu’elle apporte à la société.

Pourquoi conseillerais-tu aux jeunes d'étudier les sciences politiques ?

Antoine Bauwens : C’est difficile parce que j'ai voulu arrêter chaque année mes études en science politique [rires] mais je conseillerais tout simplement ces études parce que je pense qu'il est primordial dans la société actuelle, où il y a de plus en plus de clivages, où les jeunes se sentent de plus en plus délaissés par le monde politique, de comprendre le système politique, sans être uniquement d'accord avec le monde et l'économie actuels. Il est nécessaire de prendre du recul pour proposer autre chose. Je vois cela comme une motivation pour avancer.

Penses-tu qu’il faudrait des cours de science politique en secondaire ?

Antoine Bauwens : Oui, sans nécessairement l’intituler « science politique ». Un tel cours devrait permettre de comprendre la Belgique et ses différents niveaux de pouvoir, comprendre le fonctionnement des institutions internationales comme l’ONU ou encore comprendre le rôle de l’Union européenne. Ce pourrait être des cours assez pratiques. Ces fonctionnements politiques et institutionnels pourraient être analysés dans le cadre des cours de philosophie et de citoyenneté.

Quels sont tes domaines de recherche au sein de l’UR Cité ?

Antoine Bauwens : Sans surprise : les collectivités locales… C’est vraiment un domaine qui me plait et qui s’inscrit dans le cadre de mon master en administration publique. C'est d’ailleurs pour cette raison que j’ai rejoint l’Institut de la décision publique. Mon premier travail de rédaction à consister à élaborer un support écrit pour le cours de Droit et politique de collectivités locales. On est parti de rien, j’avais des lignes directrices, Geoffrey avait une idée assez précise de ce qu'il voulait. Sur cette base, j’étais très libre de donner une certaine orientation. Maintenant, je fonctionne par projet, avec comme domaine principal les collectivités locales et surtout les communes.

Quelle place donnes-tu aux institutions locales dans un système politique ?

Antoine Bauwens : Je pense qu'elles sont très importantes parce qu'elles constituent le premier relais envers le citoyen. Sans ce relais, le citoyen peut se sentir délaissé. C'est aussi une manière d'avoir des institutions correspondant à la réalité locale. Il y a 262 communes en Wallonie, elles sont toutes très différentes, que ce soit par la population, la taille, leur côté rural et leur niveau socio-économique, par exemple. C'est assez important d'avoir des institutions proches du citoyen et aussi adaptées au contexte local. Par exemple, c’est bien différent d’être citoyen de la commune d’Ouffet qui compte 3.000 habitants ou citoyen de la ville de Liège qui en compte 200.000.

As-tu une passion à laquelle tu donnes une portée politique ou sociale ?

Antoine Bauwens : Le scoutisme. J’ai été animateur pendant cinq ans. Au début je faisais du foot et du tennis donc je n’avais pas vraiment le temps de consacrer du temps pour les scouts. Puis, au fil du temps, j’ai décidé de me lancer en tant que « cuisto » et je suis donc tombé dans cette grande famille que sont les scouts. Le scoutisme transmet un modèle de vie et des valeurs que je défends : l’équité, la responsabilité, le partage et le dialogue, entre autres. Ces valeurs peuvent se transmettre dans la vie de tous les jours, que ce soit la vie politique proprement dite ou que ce soit, d’une manière plus globale, la société. Pour moi, l’éducation représente un des piliers pour la construction de l’adulte. 

Les scouts seraient comme une sorte de « micro-société » où on retrouve une série de codes ?

Antoine Bauwens : Ce que j’aime bien, c’est qu’on casse aussi les codes. Chacun vient de son cocon familial. Par exemple, je m’occupe des 12-16 ans. Ce qu’ils disent, c’est tout droit sorti de la bouche des parents. Ils n’ont pas encore le regard critique, ni l’aisance de se détacher du discours des parents. On casse alors, parfois assez brutalement, ce discours. Ça peut être du racisme mais ça peut être également tous ces discours banalisés dans certaines familles. Par exemple, un jeune qui est un peu pourri gâté, quand il se retrouve aux scouts, il doit partager. Ce sont des valeurs qu’on essaye de transmettre. Le scoutisme est aussi récréatif. C’est important pour une activité en commun.

Qu’est-ce que tu souhaiterais proposer comme réforme politique pour favoriser un sentiment de confiance plus important parmi les citoyens ?

Antoine Bauwens : Si j’avais la réponse, je crois que je me présenterais aux élections [rires]. C’est une question importante, on le sent bien, même moi qui suis en science politique, je me suis déjà senti parfois délaissé, voire détaché du système ou de ce qu’il se passait. Je prends alors un peu de recul. Quel serait le moyen d’améliorer la confiance ? Il y a plusieurs pistes. Une piste qui est étudiée est la participation citoyenne. Est-ce que ça va vraiment redonner la confiance ? Il faut voir comment elle est mise en place mais c’est compliqué dans un monde où, économiquement et écologiquement, c’est difficile. Le citoyen est perdu. J’ai donc envie de proposer des projets concrets auxquels les gens peuvent se rapporter. En tout cas, ce n’est pas parce qu’il y aura de la participation citoyenne que les citoyens auront davantage confiance. Les gens qui participeront seront sûrement ceux qui sont intéressés à la base.

Aurais-tu une chanson avec une portée politique à nous conseiller ?

Antoine Bauwens : Ouais bien sûr. Il y a évidemment « Lettre à la République » de Kéry James. Il y en a d’autres que j’aime bien : « Constat Amer » et « Vivre ou mourir ensemble ». Quand j’écoute cette dernière, a cappella, ça me met une claque et je trouve que la conclusion est belle, tu vis ou tu meurs ensemble mais il faut choisir. Un autre chanteur est Médine. Il a écrit une chanson sur tout ce qui concerne la religion, c’est « God complex ». En fait, j’écoute presque uniquement du rap français et de la variété française. Au tout début, j’étais exclusivement branché sur les paroles. Maintenant, je suis beaucoup plus intéressé par l’ambiance et l’état d’esprit. Parfois, il y a des chansons où tout le texte n’est pas voué à un message politique mais il y a des petites phrases placées à gauche, à droite qui sont très fortes, je trouve. Le rap français est très bon là-dedans. J'apprécie enfin un artiste qui vient de Bruxelles, Scylla, qui collabore souvent avec une pianiste, Sofiane Pamart. Une de ses chansons peut faire passer un message politique voire un ressenti de certaines personnes, c'est « Écoutez-moi ».

Idéalement, où te vois-tu dans dix ans ?

Antoine Bauwens : Je vais surprendre. Il faut savoir que je suis un grand fan de ski et j’ai toujours ce rêve d’un peu vivre, pas de ça en tant que talent car c’est trop tard, mais plutôt d’être autour de ce milieu-là dans ma vie. C’est quand même un rêve. Dans dix ans, j’aimerais un métier où je me lève le matin en étant content tout en ayant une situation financière aisée, dans le sens où je peux payer toutes mes dépenses pour vivre. J’accorde de plus en plus d’importance à mon bien-être au travail. Mais il est vrai qu’il y a une carrière qui me plait bien, celle de directeur général d’une commune parce que ce métier lie plusieurs domaines que j’apprécie. Il y a la relation avec le politique qui peut être plus ou moins et parfois pas trop agréable. Il y a la gestion du personnel qui est hyper intéressante et qui est enrichissante. Enfin, il y a la connaissance de ce qu’on a vu durant les études et puis l’expérience qu’on va se faire en exerçant le métier. Ce métier lie différentes facettes de l’administration publique et de la gestion des ressources humaines. Cela me plait même si on sait bien que gérer l’être humain, c’est très compliqué. La fonction de directeur général est l’une des professions dans laquelle je me projette le plus.

As-tu des ambitions avec le FC Cespap (ndlr : équipe dans laquelle joue Antoine Bauwens au sein du Cercle des étudiants en science politique) ?

Antoine Bauwens : Je suis très déçu de la défaite d’un point contre l’autre équipe qui était très, très fort footballistiquement parlant et physiquement parlant. On a un peu craqué mais j’espère revenir la tête haute au Q2.

On se voit au prochain match pour la troisième mi-temps ?

Antoine Bauwens : Bien sûr !

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