Chaire Francqui au titre belge

Leçon inaugurale du jeudi 5 mars 2020

Professeur Antoinette ROUVROY

La Leçon inaugurale donnée par le Professeur Antoinette ROUVROY et organisée dans le cadre de la Chaire Francqui au titre belge est en ligne.

Elle s'est tenue le jeudi 5 mars 2020 sur le thème de La gouvernementalité algorithmique: idéologie technique des données massives, contre-imaginaires politiques et scènes du droit.

La progressive reddition des bureaucraties publiques et privées aux perspectives de « rationalisation » accompagnant le « tournant algorithmique » - promettant une appréhension et une gouvernance automatique (algorithmique) du social en « ultra haute résolution », en « temps réel », en « télé-objectivité numérique » -, implique des bouleversements considérables dans les conceptions de notre rapport au monde, à la vérité, aux sujets individuels et collectifs, à la politique et au droit.

Afin de faire un diagnostic des enjeux de la gouvernementalité algorithmique (la perspective d'une modélisation et d’une régulation automatique du social fondées sur la collecte et le traitement algorithmique des données numériques disponibles en quantités massives plutôt que sur la politique, le droit et les normes sociales) cette leçon inaugurale sera consacrée à l’identification et à l’évaluation d’une série de « transformations » des modes de production du « savoir » (des régimes de vérité ou de fiabilité), des modes d’exercice du « pouvoir » (métabolisme normatif), et des modes de subjectivation ou d’individuation à l’ère des données massives et de l’intelligence artificielle.[1]

^{[1] Les éléments de diagnostic que nous pointons ici sont en quelque sorte transversaux : au-delà des divergences irréductibles liées aux spécificités des diverses pratiques concernées, ils visent à identifier les traits caractéristiques, ou constants, de la gouvernementalité algorithmique elle-même. Cette approche « transversale » ne fait pas obstacle mais présuppose au contraire la prise en compte des enjeux spécifiques de l’intermédiation algorithmique dans chacun des « univers » du marketing et du divertissement, de la police, de la sécurité, de la justice, du recrutement et de la gestion des ressources humaines, des politiques publiques, de l’éducation, de la recherche médicale, de la gestion de la santé et de la maladie, des conflits armés…dans lesquels se déploie l’intermédiation algorithmique et dont elle transforme en profondeur les pratiques professionnelles. Toutefois, l’exposé de ces spécificités « sectorielles » de la gouvernementalité algorithmique excède le champ de l’aperçu synthétique envisagé dans la leçon inaugurale.}

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Contact Chaire Francqui au titre belge

Florence BREUWER

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florence.breuwer@uliege.be