Interview

Nathan Flore obtient le Seal of Excellence de Cité


imgActu

Notre Unité de Recherche a attribué son 4e Seal of Excellence à Nathan Flore pour son projet de recherche qui s’intéresse aux smart cities.

Peux-tu nous en dire plus sur ton projet de recherche ?

J’étudie la transformation du rôle des autorités publiques locales dans le cadre de projets smart city. Ma recherche se penchera en particulier sur le cas de trois villes : Angers, Luxembourg et Namur. Les projets que ces trois villes développent sont représentatifs des différentes réalités que peut couvrir le concept protéiforme de smart city.

Au départ, le concept de smart city était en effet centré sur l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) pour optimiser la gestion des flux urbains (améliorer la fluidité du trafic, économiser l’eau ou encore pour rendre la collecte des déchets plus efficace par exemple). Mais cette approche technocentrée a été remise en question par plusieurs auteurs issus des sciences humaines et sociales et le concept englobe aujourd’hui d’autres dimensions de la vie urbaine : par exemple l’éducation, les partenariats entre citoyens, entreprises et élus locaux…

À Angers, l’objectif affiché du projet est de rendre les services publics (éclairage, espaces verts ou encore gestion des bâtiments) plus efficients en utilisant les TIC. À Luxembourg, il s’agit d’améliorer la qualité des services publics, à travers l’usage de TIC, mais également à travers des dispositifs participatifs tels que les budgets citoyens. Enfin, Namur souhaite contribuer au développement durable et, plus largement, à l’épanouissement de ses citoyens. Ces trois projets peuvent être classés sur un continuum peu participatif - très participatif et peu technologique - très technologique. J’interrogerai dans chaque ville l’évolution du rôle des autorités locales pour ces deux dimensions.

Comment en es-tu venu à t'intéresser à ce sujet ?

J’ai beaucoup abordé de questions liées aux TIC et aux dispositifs participatifs durant mon master en science, technologie et société. J’ai eu envie de choisir un objet d’étude qui combine ces thématiques et mon intérêt pour le niveau local.

D’autre part, j’ai pu constater que le concept de smart city était souvent utilisé dans une optique managériale visant à analyser ce qui est vu comme les conditions de réussite de ces projets. En tant que politologue, j’ai naturellement souhaité en questionner les implications politiques.

Quels pourraient être les impacts concrets de ta recherche ?

L’impact politique de l’utilisation des TIC est souvent négligé, sous couvert d’une prétendue neutralité technologique. Mes recherches peuvent contribuer à mieux comprendre comment ces technologies transforment à la fois la forme (les modalités de définition et de mise en oeuvre des politiques) et le fond des politiques publiques.

Par exemple, certaines municipalités centralisent les données collectées dans ce qu’elles conçoivent comme un « centre névralgique urbain », parfois proche d’une forme de panoptique technologique. L’agrégation de ces données rend possible une redéfinition de la mise en œuvre des politiques publiques locales en temps réel, ce qui est susceptible de transformer radicalement l’action publique. Qui plus est, la nature des données ainsi que leur mode de captation et d’agrégation impactent le cadrage de politiques publiques. L’utilisation du big data dans un contexte institutionnel est donc loin d’être neutre.

De même, les discours publics et privés portant sur le concept de smart city reposent sur la promotion de dispositifs participatifs, très populaires aujourd’hui. Encore faut-il évaluer le caractère réellement participatif des projets smart city et leurs effets sur l’action publique, basée sur la représentation politique.

Quelles sont les prochaines étapes pour ta recherche ?

Je travaille actuellement à la rédaction de deux articles sur les formes juridiques des programmes smart city communaux et sur lutilisation du concept de gouvernance par les promoteurs de la smart city. Le travail réalisé durant la préparation de ces articles me permettra daméliorer le projet de doctorat que javais soumis au FNRS en février 2022, en vue dune nouvelle soumission du projet au mandat daspirant en février 2023.

Son parcours

Nathan est titulaire d’un bachelier en sciences politiques de l’Université de Liège et d’un master en sciences politiques à finalité spécialisée en science, technologie et société en codiplomation avec l’Université de Maastricht. En février 2022, il a déposé un projet de doctorat au FNRS qui a obtenu une très bonne évaluation, mais n’a pas été financé. C’est pourquoi l’UR Cité lui accorde, au travers du Seal of Excellence, un financement pour soumettre à nouveau son projet en février prochain.

iconeInfo Nathan Flore

Partagez cette news